<< Quand on a peur, il faut toujours regarder sa peur en face et lui donner un nom. Sinon elle vous écrase et vous emporte comme une vague scélérate. >>
Katherine Pancol ~Les Yeux jaunes des crocodiles~

Amoureuse des lettres, cela me titillait depuis longtemps de désaltérer ce sujet.
Je m'élance donc dans une faiblesse maladroite, à vous faire part de quelque note émergeant d'un vieux brouillon resurgi en faisant du rangement.
Certes, il n'y a pas de quoi ce réjouir d'un sujet pareille. Mais il faut croire que la nature humaine nous pousse à savourer la noirceur, la déchéances de nos semblables.
Voici donc, la mémoire d'une jeune artiste peintre qui tente de nous transmettre, dans un magnifique élan de plume, la détresse des gens passés.

<< Survivre, c'est d'abord être séparé des autres à cause de leur silence, de leur complicité ou de leur différence.
Et survivre, c'est maintenant qu'on est là, à être obligé de vivre pour tous ceux qui sont partis.
Survivre, c'est aussi avoir le sentiment de vivre à la place d'un autre.
Survivre, c'est maintenant vivre habités par ses morts.
Survivre, c'est se retrouver entre parole et silence.
Survivre, c'est faire émerger une parole difficile, des mots qui ne viennent pas, des mots pour l'indicible.
Survivre, c'est la formule Elie Wiesel " Inventer un vocabulaire...pour dire ce que nul humain n'a encore dit et jamais ne dira ".
Survivre, c'est aussi vivre " avec le poison d'Auschwitz " comme l'énonce Primo Levi. Auschwitz, pour lui signifie " la mort - la mort totale, absolue, celle de l'homme, et celle des hommes, celle de la raison et celle du coeur, celle des sens et du langage. Auschwitz est la mort du temps, la fin de la création, ; son mystère est condamné à demeurer entier, inviolable. Le survivant le sait et il est le seul à savoir ".
Survivre c'est supporter ce savoir destructeur.
Survivre, c'est vivre assailli par des scènes de barbarie, des irruptions du passé par flashs incontrôlables.
Survivre, c'est parfois guetter la folie ou être guetter par le suicide. " Tout ce qui s'est passé, s'est inscrit dans les cellules du corps et non de la mémoire...la méfiance est restée inscrite dans mon corps " explique Aharon Appelfed. On ne revient jamais complètement d'Auschwitz, on y a tous laissé une part de soi, de ses parents, de son innocence.
Jacques Finer le rappelle : " Il faut se cramponner de toutes ses forces pour survivre. "
Survivre, c'est faire coexister les gestes d'un nouveau quotidien et le souvenir de ces années d’effroi.
Survivre, c'est tenter d'oublier l'âme sans fond de la Shoah.
Survivre, c'est incarner la mémoire des camps.
Survivre, pour témoigner, témoigner pour les morts de leur passage sur terre.
Mais survivre, c'est surtout le triomphe d'une indomptable volonté de vivre.
Survivre, c'est vivre pour transmettre le message aux plus jeunes.
Survivre, c'est être habité par l'espérance et par une foi indestructible à la vie.
Et survivre, c'est s'ouvrir par des gestes humains, mais d'un humanisme quotidien à l'Autre. >>

~ Francine Mayran ( Survivre à Auschwitz )

Livre du moment

<< Le bonheur est une illusion d’optique, deux miroirs qui se renvoient la même image à l’infini. N’essayez pas de remonter à l’image d’origine, il n’y en pas. Ne dites pas que le bonheur est éphémère. Le bonheur n’est pas éphémère. Le sentiment ressenti est pris pour le bonheur quand on est amoureux, quand on a réussi quelque chose, c’est le sursis avant de comprendre l’erreur : l’être aimé ne ressemble à rien, ce que vous avez réussi ne rime à rien. Cela ne vous rend pas malheureux, mais conscient. Le bonheur ne se finit pas, il se rectifie. >>


~ Vladimir Nabokov ( Lolita )