*Le bifröst, le légendaire pont arc-en-ciel de la mythologie nordique qui dit-on ferait office de pont entre le ciel et la terre, entre Midgard et Asgard.
Aussi appelé Asbru (le pont des dieux) il aurait comme particularité de n'avoir que trois couleurs.
On raconte également qu'il serait gardé par un puissant gardien,et qu'il serait entièrement recouvert de feu, faisant croire au rouge de l'arc-en-ciel.*

Pensa Wilhelm qui était en train de marcher sur une longue route de campagne tout en admirant les vastes montagnes qui s'offraient à lui.

Il se trouvait au Royaume de Norvège, prêt de la ville de Skien. Une fine neige commençait à tomber recouvrant la parure des arbres et le chemin qu'il empruntait.
Wilhelm aimait beaucoup ce pays,il prenait son temps pour pouvoir profiter au mieux de cette contrée qu'il n'avait jamais vu auparavant.
Il devait aller inspecter les lieux, car depuis peu un étrange phénomène bouleversait le pays .

Voilà un mois qu'un arc-en-ciel était apparu dans le ciel de Norvège, faisant resurgir la vielle légende du bifröst des mémoires et amenant la peur dans tout le pays.
Beaucoup de gens s'étaient mis à se déplacer pour pouvoir apercevoir ce miracle et essayer de trouver sa source mais en vint.

Les Noah,suspectant la présence d'une innocence,ont donc envoyé deux Akuma vérifier ce qu'il en était.
Seulement, il est fort possible que des exorcistes aient également eu la même présence d'esprit et qu'ils soient déjà sur place , la récupérer risque de ne pas être très aisé.

Wilhelm se rendit soudain compte qu'il était seul, l'akuma qu'il était censé accompagner venait de disparaitre!
Il semblait extrêmement pressé d'arriver à destination et avait sans doute distancé Wilhelm pendant qu'il rêvassait.
Il se retrouvait seul,ne sachant même pas si la ville était proche ou même si il allait dans la bonne direction.
Au final qu'importe?Il pouvait admirer la nature comme il le souhaitait et n’espérait plus que l'autre Akuma trouve l'innocence avant qu'il n'arrive.

Néanmoins une question lui torturait l'esprit:Que pouvait bien être cette arc-en-ciel? Était-ce vraiment une innocence?

La neige s'étalait en gros flocons sur le sol, les arbres...lentement en silence. Iphigenea passa une main dans ses cheveux blancs. Un peu de neige tomba dans sa paume. Elle aussi allait disparaître sous cette poudre immaculée si cela continuait. En fait, elle était blanche à l'extérieur mais noir à l'intérieur. Noir de mal et de douleur...Après tout elle était un akuma. Mais cela n'empêchait pas la neige de tomber en douceur. Tout allait partir, emporté par ce blanc. Pas un blanc pur comme une colombe mais d'un blanc éclatant. Trop. Une couleur qui engloutit tout ce qu'elle touche.
Iphigenea baissa la tête comme pour se protéger de la neige. Elle avait envié Emma pour sa beauté et maintenant qu'elle était dans son corps après maintes épreuves, elle avait peur de quelques flocons ? N'importe quoi ! Elle devait faire honneur au Noahs, que diantre !!
La jeune femme se redressa, droite comme un i et repartit d'un bon pas, ses traces de pas s'effaçant sur la route pâle.

Dans sa main, Iphigenea tenait un balai brosse. Drôle d'arme pour un akuma de troisième niveau mais cela n'avait pas l'air de la déranger. Comment l'avait elle eu déjà ? Ha oui, Clo. Une petite akuma de niveau deux qui n'arrivait même pas à nettoyer une table correctement.
Iphigenea était de jour de travail comme tous les autres jours de la semaine et Clo était venu la voir pour lui confier une mission de la part des Maîtres. Bien entendu à ses mots, la jeune femme ne s'était pas doutée un instant que Clo avait pu lui refiler une mission pour rester au repaire des Noahs, et était parti à la vitesse de l'éclair. Un peu trop vite d'ailleurs parce qu'elle avait oublié de poser le balai. Sur le coup elle avait haussé des épaules. Ce n'était pas bien grave, elle pouvait s'en servir comme d'un bâton pour se défendre ou se battre...
Mais haut combien son désespoir fut grand lorsqu'elle appris qu'elle était en équipe avec un autre akuma. D'accord, il était de niveau 3 comme elle mais...sa vitesse restait à désirer...

La jeune femme aux cheveux blancs se retourna. Son compagnon se trouvait plusieurs vingtaines de mètres en aval. Il contemplait le paysage... Iphigenea leva les yeux au ciel. Comment avait put évoluer celui-là ! Elle regarda sa montre à gousset. Ils avaient une heure et demi de retard. Les poings de l'akuma se serrèrent.
Mais pourquoi les Maîtres lui avaient collé cette limace aux basques ? Peut-être avait elle fait quelques choses de mal et ils n'avaient plus confiance en elle ?
Elle failli éclater en sanglot à cette idée mais comme ce n'était pas digne d'une servante elle se ressaisit et décida de défouler un peu sur l'autre akuma.

- Hé ! Toi en bas ! On ne va pas attendre jusqu'à minuit !!, hurla t-elle.

- Hé ! Toi en bas ! On ne va pas attendre jusqu'à minuit !!

Wilhelm entendit une voix au loin qui le fit soudainement sortir de ses songes. Il regarda autour de lui, cherchant d’où provenait ces paroles et fini par apercevoir au loin l'Akuma qui venait de disparaitre .

Hein? Ah oui c'est toi! Qu'est-ce que tu fais là-bas ? cria-t-il

L'Akuma qui venait de lui adresser la parole ne répondit pas et continua à avancer , l'air très énervé .
Wilhelm lâcha un soupir et se décida à se dépêcher un peu, après tout il aura tout le temps qu'il lui faut pour admirer les montagnes jusqu'à Skien .

C'est bon j'ai compris ... je vais marcher plus vite

Il augmenta très légèrement la cadence et tourna à nouveau la tête pour revoir le paysage.

Les minutes passèrent... la neige s’épaississait de plus en plus et ses mouvements devenaient laborieux et lent, ses jambes s’enfonçant de plus en plus à chaque pas dans l'épaisse couche de neige qui recouvrait entièrement la petite route qu'il empruntait.
L'Akuma qui se trouvait devant lui semblait également avoir des difficultés , mais continuait à avancer tout en jetant un coup d’œil à sa montre de temps en temps .
L'homme se retourna et se remit à regarder le paysage qui était devenu d'un blanc éclatant .
Soudain il s’arrêta, son regard émerveillait s'assombrit légèrement et une mèche de cheveux vint se perdre sur son visage .
Un train passait au loin et masquait les somptueuses collines de son épaisse fumée noirâtre et nauséabonde .
Le visage de Wilhelm se noircît alors de ride .

*Pourquoi faut-il toujours que les humains viennent recouvrir le spectacle de la nature de leurs horribles ,puantes,affreuses,épouvantables,abominables machines!?*

L'Akuma,dégouté, se retourna afin d'oublié ce misérable train qui ne lui inspirait rien de bon.
Il entendu soudain la voix de son compagnon , l'akuma lui annonça que Skien n'était plus très loin.
En effet on pouvait déjà apercevoir la ville au loin , elle était beaucoup plus grande que ce que Wilhelm avait pu imaginer , elle semblait également beaucoup plus moche que ce qu'il avait espéré .
Il s’arrêta et regarda attentivement la ville et ces alentours.

*Alors comme ça nous arrivons à destination? Adieu les somptueux paysages et bonjour la mission ennuyante et interminable!*

Iphigenea soupira. Son compagnon n'avait pas l'air de vouloir passer la vitesse hautement supérieure. Bon, c'est vrai, il avait un peu accéléré la cadence mais il était encore loin derrière. Bref ! On ne pouvait pas changer une limace en guépard...
La jeune femme rouvrit sa montre. Et dix minutes de plus de retard ! Une flamme de détermination s'alluma dans ses pupilles bleutées et elle agrandis ses enjambées. Il fallait qu'elle termine cette mission le plus vite possible... quitte à abandonner l'Autre Akuma en route !

Soudain, sa jambe gauche s'enfonça dans la neige. Iphigenena poussa un cri de surprise quand une peu de la masse blanche s’infiltra dans sa chaussure. La jeune femme se retourna. L'autre Akuma ne semblait pas l'avoir entendu. Heureusement parce qu'elle n'avait vraiment pas besoin de nouvelles rumeurs. La maid sortit son membre du trou et secoua son pied pour faire sortir l'eau glacée. Malheureusement le liquide ne semblait vouloir partir. Comme le temps pressait, la jeune femme se remit en marche. Trois mètres plus loin, se fut sa jambe droite qui descendit d'un étage sous la neige. Iphigenena soupira encore une fois. La journée allait être longue...très longue....
A chacun de ses pas, on pouvait entendre " plocht...plocht...."

La force et sa vitesse ne pouvait aider Iphigenena à passer à travers tout ce blanc, l'obligeant à se déplacer à vitesse humaine. Ce qui s'ajouta à sa colère intérieure.
Sur une brache de sapin, un corbeau était perché, à la vue de la maid se démenant dans la neige, il se mit à croasser. Iphigenena se tourna vers l'oiseau. Ce bruit sinistre qui sortait de son gosier ressemblait nettement à un rire...
Ce fut la goutte qui fit déborder le vase !

Soudain,, le corbeau se tut et son corps transpercé par un couteau à beurre tomba sur le sol blanc. l'Akuma lui sauta dessus -au sens propre- et entrepris de le piétiner. Le craquement d'os et le couinement des chaussures gorgées d'eau faisait un drôle d'ensemble... crac ! crac ! splocht ! crac ! splocht !

Quelques minutes plus tard, l'autre démon du Comte avait réussi à la rejoindre. Iphigenea le vit à un ou deux mètre en arrière. Elle se releva très dignement et ramassa son couteau qu'elle essuya dans la neige ainsi que, ses souliers.
Son regard était froid comme de la glace. Il disait clairement "Je ne veux aucun commentaire !"

- Ha vous voilà ! Nous pouvons nous remettre en chemin, maintenant.

Elle s'apprêta à se retourner mais :

- ...Puis-je savoir votre nom. Nous faisons une mission ensemble tout de même !

Sa voix était moins tranchante mais avait un ton un brin agressif et énervé.

Accompagnée de trois traqueurs, Natsukaze avançait lentement, frigorifiée par le froid norvégien. Elle se remerciait intérieurement d'avoir eu la superbe idée de mettre des cuissardes, qui maintenaient ses mollets et ses pieds au chaud.
La jeune fille soupira et continua à marcher, remettant correctement son écharpe, d'un bleu ni trop clair, ni trop foncé, autour de son cou, pour ne pas prendre froid. Elle se demandait comment les finders faisaient pour ne pas grelotter de froid comme elle, alors qu'ils étaient bien moins couverts que l'exorciste... Se retournant légèrement vers eux, elle leur demanda, d'une voix calme:

<< Vous n'avez pas froid? >>

Les traqueurs se regardèrent puis secouèrent négativement la tête. La jeune fille commença à se demander si elle était bien entourée d'humains ou si c'était elle qui était trop frileuse...
Telle ne fut pas son soulagement quand elle aperçut l'hôtel où ils logeraient. La chaleur du bâtiment la réconforta, elle sentait ses joues reprendre des couleurs et elle sentait à nouveau le bout de ses doigts. Elle se rendit à l'accueil, où la personne lui remit 2 clefs : Une pour sa chambre, une pour celle des traqueurs. La bleuquine remit aux traqueurs leur clef, ces derniers la remercièrent. La jeune fille se contenta de sourire, puis monta dans sa chambre, pour déposer ses affaires et y étudier le rapport des traqueurs qui lui avait été remis avant son départ.

La bleuquine se mit à lire un ouvrage des plus cultivants et intéressants (un cookie pour ceux qui ont deviné que c'était ironique...)

<< Bla bla bla... Bifröst.... Bla bla bla... Dieux Scandinaves... Mon dieu, c'est chiant! >> S'exclama-t-elle, en japonais, sa langue d'origine, pour éviter qu'on ne comprenne et qu'un akuma traînant par ici ne la démasque, au cas où...